28 août, 2012

France, je t’ai joué un bon Tour !

Ça y est, je l’ai fait !... Au long des trois séquences estivales de 2010, 2011 et 2012, 6120 km ont été accomplis, 80 cols franchis, 40 départements traversés, et des milliers de rivières passées sur des passerelles, des ponts, des viaducs… France, j’ai côtoyé tes paysages sans cesse renouvelés, parcouru tes plaines et tes landes, traversé tes forêts et tes marécages, escaladé tes collines et tes montagnes, chevauché tes croupes et tes plateaux, longé tes rivages sablonneux, tes côtes rocheuses, crayeuses, marécageuses…
Mes roues ont caressé tes grandes artères macadamisées, tes routes traversières, tes voies secrètes, tes pistes ou tes chemins, de la Gironde aux Landes, Au Pays Basque et à l’Ariège d’abord… Puis, laissant les Pyrénées derrière moi, j’ai découvert la Cerdagne, le Languedoc-Roussillon, La Provence et ses superbes montagnes des Maures et de l’Estérel avec une mention particulière aux Alpilles et à Sainte-Victoire… Et toujours la « grande bleue » à mes pieds avec ses rivages enchanteurs et colorés, sas lagunes et ses marais salants, ses plages de sable fin ou de galets, ses côtes escarpées parsemées d’îles mystérieuses…
Tes rubans bitumeux m’ont ensuite convié à traverser les Alpes, le Jura, les Vosges où tu m’as dévoilé les paysages vertigineux du Col de Vars, du Galibier et du Télégraphe, les panoramas surprenants du Jura, tout en douceur et en verdure, les perspectives étranges de la Route des Crêtes des Vosges, montagne froide et noire, et les vues imprenables de la Plaine d’Alsace avec sa ligne de crêtes bleues à l’Ouest, et sa barre de cimes sombres de la Forêt Noire, outre Rhin… Ensuite tu m’as dévoilé les plateaux immenses de Lorraine, où l’horizon se perd à l’infini, la plaine de Champagne que la route divise, en direction d’Épernay, entre plaine céréalière d’une platitude infinie et vignobles parant la Montagne de Reims de leurs atours veloutés… Plus loin, tu m’as montré les Ardennes, terres de sang et de larmes, fortes collines, mamelons et plateaux entrecoupés de profondes vallées vers lesquelles on se précipite vertigineusement, et dont on escalade ensuite les pentes à la vitesse d’un escargot, tant elles sont abruptes !...
Puis ce fut le Nord, le Plat Pays où les gens « ont dans les yeux le soleil qu’ils n’ont pas dehors », la Picardie, pays des villages de briques rouges, des beffrois majestueux et de la bière… Pays des pommes de terre, des betteraves à sucre, des emblavures et des linières qui jettent sur les platitudes leur insolite mante vert-jaune… Après Calais, mention particulière au Mont d’Hubert d’où l’on découvre les falaises d’Angleterre après une grimpette sévère, voici le Boulonnais et ses falaises abruptes que viennent tempérer les grands espaces maritimes de la Baie de Somme où le ciel et la mer se mélangent dans une palette de tons allant du vert soutenu au bleu le plus pur….
Et voici le pays de Caux et ses « valleuses », vallées encaissées qui entaillent le plateau crayeux et au fonds desquelles se tapissent villages et villes de pêcheurs, qu’on atteint ou d’où l’on s’extrait par de très longues côtes de plusieurs kilomètres dont la pente varie entre 7 et 17 % !…
Clin d’œil obligatoire à Étretat et son arche, puis voici l’embouchure de la Seine et ses marécages, le Calvados fleurant bon le cidre et les surprenants paysages de la « Suisse Normande », la Baie du Mont Saint-Michel et ses prairies saumâtres… Adieu Normandie, bonjour Bretagne !...
Ici, ce ne sont qu’escarpements rocheux depuis Saint-Malo où la statue de Surcouf veille sur la cité du haut de ses imprenables murailles, jusqu’à Morlaix en passant par le Cap Fréhel paré de ses landes sauvages où dominent les tons de rose et de jaune, Saint-Brieuc et sa baie, Le Val-André, Guingamp, Belle-Isle-en-Terre…
Voici les Monts d’Arrée et le Roc Trévezel sur la route de Quimper, paysages sauvages et surprenants du Massif Armoricain que l’on parcourt d’unœil enchanté, mais les jambes lourdes car jamais la Bretagne ne nous aura parue aussi pentue !... Succession de rias vers Concarneau, Pont-Aven, Guidel, Lorient, Étel, Auray, Vannes, La Roche-Bernard : autant dire que les« montagnes russes » restent encore à l’ordre du jour !...
Enfin, c’est le retour des grands espaces plats après le franchissement du Val de Loire : étangs, prairies marines et antiques « bourrines », hameaux de pêcheurs du Marais Vendéen qui déroule ses paysages « camarguais » à l’infini…
On flirte vite avec l’Ile de Ré et son majestueux Phare des Baleines, La Rochelle et ses tours, Rochefort et sa Corderie Royale : adieu la Charente-Maritime…
Et bonjour le Pays Blayais voisin qu’on abordera, depuis Royan, en suivant les rives tourmentées de l’Estuaire de la Gironde : veux rentrer maison !... Les copains sont là, sur la route, après l’ultime ascension de la redoutable côte de Saint-Thomas-de-Conac qui vaut bien un verre de Pineau avant l’ultime coup de collier qui me ramènera à Laruscade, assoiffé mais les yeux et le cœur emplis de la lumière des nombreuses et chaleureuses rencontres !